La diversité de l’évolution du marché foncier dans trois cas étudiés sur la côte nord du Pérou amène à s’interroger sur l’interaction des facteurs géographiques locaux (situations, structures agraires, etc.) et des politiques nationales. On observe dans un de ces cas l’acquisition de terres par des entreprises agroindustrielles qui développent de nouvelles cultures d’exportation et veulent assurer elles-mêmes l’adéquation du produit aux exigences des marchés internationaux. Cependant, dans les autres cas, l’absence de culture nouvelle, voire de nouveaux acteurs, n’induit pas nécessairement une faible activité du marché foncier et les producteurs de riz, de canne à sucre et de café tentent aussi d’agrandir leurs exploitations. La clef de la diversité constatée est l’importance variable des terres non cultivées de propriété collective et leur accessibilité pour les investisseurs potentiels. Celle-ci dépend de caractéristiques physiques ou spatiales (proximité des routes, climat, etc.) mais également des statuts fonciers préexistant, résultat d’histoires agraires complexes, qui sont plus ou moins aisément modifiables par la législation libérale des années 1990. Au total, ces territoires bien individualisés réagissent différemment au nouveau contexte économique et juridique.