Les associations de lutte contre le Sida au Cameroun (2010-2012)

“Les associations de lutte contre le sida au Cameroun. Nouvelles configurations sociales, militantes et médicales”, projet Sidaction (2010-2012)

Responsable scientifique : Laurent Vidal, IRD.

Télécharger ici le rapport : Les associations de lutte contre le Sida au Cameroun

Le monde associatif impliqué dans la « lutte contre le sida » se présente – dans nombre de pays parmi lesquels le Cameroun – comme un feuilleté d’histoires. Histoires parfois anciennes (avec un recul variable suivant les endroits) des toutes premières mobilisations, contemporaines de l’arrivée de l’épidémie, mais aussi histoires plus récentes, s’ajoutant aux premières sans naturellement les occulter, scandées par un certain nombre d’évènements (la gratuité des traitements, l’arrivée du Fonds mondial, la promotion d’une « démocratie sanitaire »…). Par ailleurs, de façon plus spécifique, chaque association se construit par la superposition de parcours, d’histoires individuelles qui composent avec l’histoire d’un projet collectif. Enfin, les histoires des associations de lutte contre le sida ne peuvent s’extraire de deux autres temporalités : celle de la réponse politique et sanitaire au VIH (préventions et traitements), d’une part, celle du fonctionnement du système de santé dans son ensemble, d’autre part. Autrement dit, les associations se proposent d’être au cœur du dispositif national de lutte contre le sida et, par induction, du système sanitaire dans son ensemble.

Feuilleté de situations historiquement construites, que l’on retrouve au Cameroun, la situation actuelle du monde associatif se caractérise en effet très nettement par des stratégies, des modes d’organisation, des rapports au monde médical, aux instances de décision et aux bailleurs de fonds parfois structurés depuis plusieurs années, parfois plus récents. Et c’est précisément parce que le monde associatif se transforme – à des rythmes certes variables selon les points énumérés ici – que le regard du chercheur en sciences sociales trouve sa légitimité. Quelles sont ces transformations, pour les unes très récentes, pour les autres remontant à quelques années ? Nous avons : la multiplication d’associations, exprimant le « dynamisme associatif » actuel, au moins quantitatif (on parle de plusieurs milliers d’associations intervenant sur le VIH) donnant à voir une grande diversité d’associations tant par leur taille, leur rayonnement que leurs objectifs, dépassant la partition « associations de PVVIH » / « associations de lutte contre le sida » ; l’existence depuis quelques années d’associations qui développent une forme d’expertise sur des questions de recherche (en liaison avec l’action ou les questions d’éthique) ; l’émergence de collectifs soucieux de défendre les droits humains et notamment ceux des homosexuels ; l’implication de membres d’association dans la prise en charge d’ordre « psychosocial » au sein de structures spécialisées ; et, plus récemment, l’insertion de représentants d’associations dans l’instance de coordination du Fonds Mondial au Cameroun (le CCM) (depuis mi 2008) ; la crise du RECAP+, premier réseau de personnes vivant avec le VIH (depuis le début de 2008) ; la gratuité des traitements antirétroviraux (depuis mai 2007).

On le voit ces événements sont d’ordre extrêmement varié et nous souhaitons les aborder de façon structurée (cf § 3 et 4) dans ce projet de recherche en sciences sociales, avec pour objectif central de comprendre comment les associations de lutte contre le sida composent avec ces nouvelles expériences, contraintes, et attentes placées en elles. Cela suppose de comprendre quelles sont leurs configurations actuelles, c’est-à-dire leurs modes de fonctionnement, leurs projets, leurs stratégies, et leurs actions, qui font de ces associations des lieux de sociabilité, de militance et aussi d’appui aux personnes souffrant de l’infection à VIH. Ceci passe par une attention aux liens que les associations établissent : avec les autorités nationales ou les agences de financement ; avec les structures de prise en charge qui accueillent leurs membres dans le cadre d’interventions ;  avec les autres associations dans un contexte d’accès aux ressources concurrentiel. Projet qui prend tout son sens en liaison avec un dispositif méthodologique particulier (cf § 5) qui en fait une recherche sur et avec les associations.

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*